NEWSLETTER JANVIER 2017 - RUBRIQUE GRAND ANGLE

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GRAND ANGLE

Travailler au XXIème siècle : l’ubérisation de l’économie ? (J. Barthélémy et G. Cette, éditions Odile Jacob)

Jacques Barthelemy, avocat en droit du travail et Gilbert Cette, économiste, tentent dans cet ouvrage parrainé par les groupes de réflexion Terra Nova et l’Institut de l’entreprise, d’appréhender l’impact de la révolution numérique sur les modes de vie et de production pour envisager les évolutions souhaitables de la réglementation du travail.

Est tout d’abord soulevée la question de l’impact quantitatif, en termes d’emploi, de la digitalisation. Les auteurs rappellent que cette anxiété vis-à-vis des impacts potentiellement négatifs des révolutions industrielles s’est mainte fois manifestée au cours des siècles précédents mais qu’elle a toujours été contredite par les faits. Est alors mise en exergue la faculté de transition, « autrement dit la capacité à donner de nouvelles qualifications aux actifs afin que le reversement des emplois menacés vers d’autres emplois en expansion (…) puisse se réaliser ».

Est ensuite abordée le phénomène croissant tendant à la résorption de l’emploi intermédiaire au profit du diptyque emplois peu qualifiés (peu rémunérés) / emploi fortement qualifiés (mieux rémunérés). Les auteurs constatent que paradoxalement, dans les pays développés, les niveaux de diplômes ne cessent d’augmenter. Ils relèvent alors le rôle pivot des politiques d’accompagnement des mutations technologiques en matière de formation professionnelle.

Est enfin posée l’hypothèse de la modification de la structure même des emplois du fait de « l’ubérisation » de l’économie : remplacement du travail salarié par le travail indépendant marqué par une relation directe avec la clientèle via des plateformes numériques.

Partant de ces constats et hypothèses, les auteurs s’interrogent sur les transformations souhaitables de la réglementation qui seraient à la fois susceptibles de ne pas brider les évolutions et innovations tout en assurant une bonne protection dans l’emploi et une bonne protection sociale des travailleurs.

Les auteurs soulignent que l’émergence d’un travail indépendant hautement qualifié doit être accompagnée, tout en soulignant que la réflexion doit être élargie au-delà de la seule problématique liée aux différences de statuts juridiques entre salariés et non-salariés. En effet, cette dichotomie est parfois rendue très relative en pratique du fait de l’autonomie dans l’activité inhérente à l’usage même des TIC.

Enfin, les auteurs préconisent, propositions à l’appui, que le droit du travail historiquement « construit par et pour la civilisation de l’usine », caractérisée par la prédominance des relations hiérarchiques, soit réorienté vers un « droit de l’activité professionnelle ». Ce changement de paradigme permettrait d’englober et de protéger au sein d’un même cadre les anciennes et nouvelles formes d’emploi.

Faut-il libérer l’entreprise ? (G. Verrier et N. Bourgeois, éditions Dunod)

Récompensé par le prix du Stylo d’or 2016 de l’ANDRH, qui distingue chaque année un ouvrage jugé incontournable pour les professionnels des ressources humaines, cet ouvrage tente un décryptage du concept managérial en vogue prônant la rupture avec les systèmes hérités du taylorisme, à travers l’autonomie des équipes.

Les auteurs, associés du cabinet « identité RH », se posent deux grandes questions dans cet ouvrage : Comment tourner définitivement la page du taylorisme et de son héritage encore très présent aujourd’hui ? L’entreprise libérée offre-t-elle une réponse pertinente ou se réduit-elle à un effet de mode ?

D’emblée les auteurs indiquent que pour les promoteurs de ces nouvelles formes de management, ce n’est pas l’entreprise qui a besoin d’être libérée mais plutôt les salariés eux-mêmes. Ils poursuivent, nombreux témoignages à l’appui, sur l’idée que l’entreprise libérée doit se construire via des solutions sur mesure sans recourir à un « modèle unique préformaté, imposé », privilégiant de fait une « organisation adaptée à la stratégie ».

Ils poursuivent en alertant les lecteurs sur les écueils à éviter dans le cadre d’une libération de l’entreprise et conseillent par exemple de ne pas concentrer le pouvoir de libération sur une seule personne, de ne pas supprimer toutes les strates managériales ou encore de redonner du sens au rôle des fonctions supports.

Ils préconisent enfin de « passer du manager considérant ses ressources à sa disposition au manager à disposition de ses collaborateurs pour faciliter, accompagner, fluidifier et reconnaitre ».

Pour un minimum décent – Contribution à la réforme des minima sociaux (Rapport Terra Nova)

Un rapport de Terra Nova daté du 29 novembre 2016, issu d’un groupe de travail présidé par le regretté François Chérèque, prend position sur une réforme des minima sociaux en proposant de les fusionner en un seul dispositif appelé « minimum décent ». Partant notamment du constat que « les minima sociaux font l’objet d’une contestation croissante au sein de la population », cette contribution du groupe de réflexion a pour ambition de défendre cette idée sous forme de proposition dans le cadre de la campagne présidentielle.

Ce « minimum décent » serait attribué à tout adulte sous seule condition de ressources : toute personne de plus de 18 ans résidant en France depuis au moins 4 ans, dont les revenus personnels se situeraient sous un certain seuil, y serait éligible. Il s’élèverait à 750 euros par mois pour une personne seule (1500 euros pour un couple). Une somme plus élevée que l’actuel RSA (535 euros) et donc plus efficace pour lutter contre la pauvreté, mais « suffisamment éloignée du Smic (65% d’un Smic à temps plein) pour éviter d’encourir le reproche de lui faire concurrence ». La prestation s’adapterait strictement aux ressources, toute personne en-deçà de ces seuils percevant alors un complément jusqu’à les atteindre.

Cette proposition reprend les grandes lignes de la refonte proposée par le rapport Sirugue mais s’en démarque en ne retenant pas un dispositif à deux étages (allocation unique complétée par un complément d’insertion) « dans un souci de simplification accru ».

Elle s’éloigne également des propositions visant à mettre en place un revenu universel jugé « inutilement complexe, potentiellement anti-redistributif et contraire à une philosophie sociale qui considère le travail comme le levier principal d’intégration et d’émancipation ».

Les auteurs du rapport suggèrent un financement de ce dispositif via une réforme des prestations familiales et du quotient familial et estiment le coût de cette mesure à 20 milliards d’euros (1% du PIB) mais présentant un surcoût in fine limité à 10 Milliards d’euros du fait de la baisse des coûts de gestion engendrée par la simplification découlant de ce dispositif.

Vous pouvez consulter également cette contribution aux présidentielles, et bien d’autres encore, sur le site participatif lancé par la Mutualité française :
www.placedelasanté.fr